Créer ou se lancer sans réseau sociaux ?

 

Depuis que j’échange sur la possibilité d’entreprendre « aussi » sans les réseaux sociaux, une question revient beaucoup : comment débuter sans l’aide de Facebook ou LinkedIn ? Est-ce seulement possible de lancer ça boitte sans ces outils de nos jours ?

Voyez-vous, on nous a tellement répété que les réseaux sociaux étaient incontournables qu’à force, plus personne ne questionne cette idée. Pourtant, une stratégie de contenus ne convient pas à tout le monde. Selon les situations, ça peut même être un frein plus qu’un levier.  En réalité, être présent et publier sur les réseaux sociaux n’est pas plus indispensable au démarrage d’une activité en sécurité privée qu’à un autre moment. Mais tu n’es pas obligé de me croire sur parole.

Pour t’aider mieux à visualiser comment développer une entreprise à partir de zéro sans réseaux sociaux, je vais te raconter une histoire : celle d’un bon ami à moi, nommons-le Benoit.

 

Phase 1 : la stratégie d’on-va-me-découvrir  (celle qui marche bien dans tes rêves)

Lorsque Benoit avait terminé ça formation de Manager en sécurité privée, il à fait ce que 90 % des entrepreneurs débutants font : il a passé un temps fou à chercher un nom pour ça boite, bidouillé un logo canon, et une fois en possession du Saint-Graal… et bien, il a créé une page Facebook avec.

« Mais pour quoi faire ? » Lui ai-je demandé. « Parce qu’il faut bien en créer une. »

Les premiers mois de son activité, tout allait très bien. Ses amis et confrères lui envoyait tellement de clients qu’il n’avait pas besoin d’en chercher. Aucun de ces clients ne venait de Facebook : tout passait par du bouche à oreille. Pourtant, Benoit me demandait régulièrement quoi faire pour alimenter sa page et pour que ses publications suscitent autre chose que 2 « likes » d’anciens collègues.

« Mais pour quoi faire ? » Répétais-je. « Parce qu’il faut bien se faire connaître. »

Il avait déjà un canal en place, qui marchait très bien : la recommandation par des pairs. Et au lieu de renforcer ça, au lieu de chercher d’autres façons de faire du réseau de proximité, il persistait à vouloir se développer via Facebook. Parce que c’est la stratégie la plus commune aujourd’hui.

Et puis… il a déménagé. Sa petite activité qui avait démarré sur les chapeaux de roue à Lyon a dû repartir à zéro au Puy-en-Velay.  C’est là que les difficultés ont commencé. Déménagement et retour à la case départ

Perdu sur quoi faire pour trouver des clients dans cette nouvelle région où personne ne le connaît, Benoit a fait ce que 90 % des entrepreneurs débutants font : il a attendu qu’on vienne le chercher.

Son ego trouvait des façons assez créatives de le garder planqué : les premiers jours, il fallait qu’il prenne ses marques suite au déménagement, il ne pouvait pas travailler. Finalement, ces jours se sont transformés en semaines. Puis il s’y est remis, avec un curieux sens des priorités : il passait des après-midi entières à peaufiner des présentations pour des prestations… Hypothétiques. Il n’en avait parlé à personne, rien n’était programmé.

« Pourquoi tu ne trouves pas d’abord a qui les proposer ? » demandais-je. « Parce que j’ai d’abord besoin d’être prêt. »

Bien sûr, dans cette période, Benoit écrivait des articles de blog, qu’il n’oubliait pas de poster sur sa page Facebook. Page qu’aucun client potentiel de la région ne connaissait ni ne suivait. Ses anciens collègues lyonnais, en revanche, étaient ravis d’avoir des nouvelles par écrans interposés.

 

Phase 2 : les premières actions pro-actives

Puis Benoit a décidé d’aller se promener un peu partout avec ses cartes de visite de chez Vistaprint, espérant croiser des futurs clients à qui il pourrait proposer ses services. Cette stratégie n’a pas été un grand succès.  Il a ensuite proposé ses services au sein de l’association de foot locale qu’il a intégré. Entre la pluie et les désistements de dernière minute, cette proposition aussi a eu du mal à prendre.  Et c’est à peu près tout ce qu’il a fait.

Jour après jour, je l’entendait angoisser au téléphone et désespérer d’y arriver… Alors que concrètement, il n’avait pas encore mis grand-chose en place. Ah bien sûr, il continuait de publier des articles de blog et de les relayer sur Facebook – articles qu’aucun possible client ne voyait puisque ses quelques « clients » étaient restés à Lyon.

Après 2 mois de promenades infructueuses, de projets annulées pour cause de déluge et de canapé, à espérer qu’on le découvre miraculeusement par le truchement de l’algorithme, Benoit s’est rendu compte que sa page Facebook ne lui servait strictement à rien.  Et que plutôt que de consacrer la moitié de sa journée à se demander quoi publier pour toucher des personnes qui ne feront jamais appel à ses services, il pouvait consacrer son énergie à des actions de communication plus pertinentes.

 

Phase 3 : une stratégie vraiment adaptée

Après des mois à lui conseiller des trucs dans le vide, je l’ai vu prendre le temps de se questionner : Qui sont mes clients ? Où sont-ils ? Où puis-je les trouver et les toucher ?

Benoit souhaitait travailler avec des clients vraiment impliqués et habitant le plus près possible de chez lui. Il a donc commencé à communiquer dans ce sens, avec un positionnement claire et une stratégie de proximité. Des actions pertinentes et ciblées

À partir de là, la machine était lancée : Il a conçu et imprimé rapidement de jolis flyers à un prix raisonnable (merci Canva), pour les déposer partout : commerçants, boutiques et centres commerciaux dans un rayon de 45 minutes autour de la maison, mais aussi boulangerie et supermarché du coin. Les futurs prospects sont et vont partout, après tout…

Il a été rencontrer touts les pros de la vallée, y compris ses potentiels « concurrents », pour se présenter, parler de son approche et créer un réseau de partenaires avec qui travailler et s’entraider.  En ligne, il a gardé un site vitrine et un référencement sur Google Maps, permettant aux personnes qui cherchent un professionnel de la sécurité privée autour de chez eux de le trouver et de le contacter facilement.

Systématiquement il recueille l’adresse e-mail de ses clients ou des possiblement intéressées par ses services, pour leur envoyer ses offres chaque mois.

 

Et les premiers résultats sont arrivés…

Je dirais qu’il a vraiment commencé à se bouger en juin. Les résultats n’ont pas été instantanés (non, personne ne t’appelle dans la minute où tu as posé ton affiche à Carrefour, je sais, c’est révoltant). Mais quelques semaines plus tard, ça a commencé à arriver.  Les premiers clients ont pris contact, puis rendez-vous. Timidement au début, un peu plus à chaque semaine qui passe.

À chaque nouveau client, Benoit prend le réflexe de demander : Comment m’avez-vous trouvé ? Ça lui donne de l’info sur les graines qui ont germé, celles qui nécessitent plus de soin et d’attention, celles dont il peut ou veut se séparer. Car une stratégie de développement, ça n’est que ça, au début comme après : tests, observation, ajustement… Et on recommence.

Son activité démarre tranquillement. Petit à petit, son nom circule dans la région et sa réputation se construit, créant les bases solides pour la suite de son aventure.

Et les réseaux sociaux n’ont joué aucun rôle là-dedans.

Oui certes, il aurait pu rassembler ses clients et prospects sur une page Facebook ou un compte Instagram, laissant à Mark Zuckerberg le soin de choisir à qui il peut parler. Mais il a finalement choisi un moyen plus direct pour toucher les intéressés : une newsletter mensuelle pour partager ses offres, ses contenus, ses activités. En recentrant ses efforts sur des relations directes et des actions impactantes, Benoit a passé la seconde et desserré le frein à main (ce qui est plus pratique pour avancer, non ?).

Constituer une communauté n’est pas une priorité : elle va se construire au fil du temps, à mesure qu’il fait du bon boulot et partage des contenus intéressants.

L’objectif n°1, c’est de rassembler suffisamment de clients pour vivre de son activité. Et ça, 90 % des entrepreneurs font l’erreur de l’oublier…

Débuter une activité n’est pas un moment facile. Le démarrage d’une activité ou d’un projet est une période ingrate : il y a beaucoup d’énergie à mettre pour que ça prenne, et les résultats sont parfois longs à arriver. Certaines graines mettent des mois, voire des années à germer. Et c’est normal. Ça n’arrive pas qu’à toi, ce n’est pas parce que tu es nul. C’est juste que ça prend du temps : à trop lire des succès stories, on a tendance à l’oublier.

C’est pour ça que c’est primordial de ne pas attendre (en vain) qu’on te découvre. De questionner et d’évaluer la pertinence de tes actions en permanence. Pourquoi cette communication ? Qui je vise ? Qu’est-ce que je raconte d’intéressant pour cette personne ? Ai-je suffisamment persévéré là-dedans ? Qu’est-ce que je n’ai pas encore testé ?

Benoit aurait pu passer encore des mois (voire des années) planqué derrière son écran ou ses flyers, à espérer qu’on le trouve, à attendre qu’on vienne le chercher.
Hélas, le monde n’attend pas désespérément que tu crées ton entreprise de sécurité pour te porter aux nues. Si tu veux te faire ta place et vivre de ton activité, il faut t’engager pour la créer. Il n’y a ni solution alternative, ni raccourci pour l’éviter.

Je sais que c’est challengeant.  Que ça te demande de traverser beaucoup d’inconfort et de peurs (de te montrer, de te planter, de faire un bide, d’être insistant …), et que ton ego trouve 1 000 excuses pour te garder planqué.

Je sais de quoi je parle. Pendant des années, je suis resté caché derrière les écrans, à publier en espérant qu’on me trouve, qu’on me réclame, qu’on vienne me chercher. Et j’aurais pu attendre très longtemps, car non seulement j’étais passif, mais en plus je n’avais rien à vendre (pas pratique-pratique pour vivre de son activité). Et j’ai bien plus souffert de cette attente infructueuse que des fois où je me suis sortie les pouces pour y arriver. Même si j’étais gêné, effrayé, voire carrément terrorisé.

Les réseaux sociaux ne te feront pas aller plus vite

Si tu débutes ton activité, les réseaux sociaux ne t’aideront pas à démarrer plus vite : il y a même des chances pour que ça te ralentisse. Parce que tu vas concentrer une partie de tes efforts sur « obtenir des réactions » plutôt que des clients/missions.

Lorsque tu ouvres un compte, personne ne te suit : pourquoi mettre ton énergie à rassembler des abonnés, quand tu pourrais trouver des clients ? N’est-ce pas une subtile façon de te cacher, de repousser le moment où tu vas devoir vendre et délivrer ?  Je ne dis pas qu’avoir une communauté ne sert à rien, ou que ce n’est pas source de joie. Je dis juste que rassembler une audience sur les réseaux sociaux n’est pas indispensable pour débuter et faire grandir ton activité. Si tu n’aimes pas ça ou si ça n’est pas pertinent dans ton cas, alors tu as tout intérêt à mettre ton énergie ailleurs. Comme Benoit le fait, avec un succès croissant !

 

Merci de m’avoir lu 🙂

 

PS: tu t’es certainement rendu compte, Benoit n’est en effet personne d’autre que moi, mais cette petite histoire est aussi celle de milliers de Benoits !!